Hier soir, dans le cadre du festival Kinotayo, était diffusé à la MCJP Seventh Code de Kiyoshi KUROSAWA. Je ne sais pas si c’était à cause de la petite taille de la salle ou bien de la venue du réalisateur mais la séance était sold-out et j’ai eu beaucoup de mal à pouvoir rentrer. Je pense qu’il aurait été plus judicieux d’organiser la venue de Kurosawa au Gaumont Opéra Garnier plutôt qu’à la MCJP, qui ne se prête pas trop à une trop grande affluence. Car au vu des applaudissements à l’entrée du réalisateur et les questions pointues de fin de séance il y avait beaucoup plus de fans de Kurosawa dans la salle que de Maeda Atsuko (que beaucoup ne devait pas connaitre d’ailleurs).
Car oui Seventh Code est un film avec Maeda Atsuko (ex-figure de proue du groupe AKB48), c’est même d’ailleurs pour elle que je l’avais vu pour la première fois à sa sortie en début d’année, en tant que bonus du 4ème single d’Acchan Seventh Chord (les similarités des 2 titres sont des jeux de mots car s’écrivent et se prononcent de la même manière en japonais). Kiyoshi Kurosawa l’a d’ailleurs bien précisé dans son speech d’avant-film, Seventh Code est un film de commande (de la part de AKS et King’s Records, le label musical de Maeda Atsuko), un film promotionnel pour le single de la chanteuse. En gros au départ cela devait être juste un clip/pv comme on le fait pour tout single musical au Japon et ça s’est transformé en film au final. ET CA SE VOIT.
L’image est belle, Maeda Atsuko est belle, la réalisation est soignée, moderne, dynamique, on voit que le réalisateur a de l’expérience… mais ça s’arrête là. Si un scénario solide est accessoire dans un clip vidéo cela est autre chose quand on passe dans la catégorie film, où on va faire attention à la cohérence de l’histoire, le développement des personnages (principaux et secondaires) et essayer d’en tirer un message global à la fin. Ici on a rien de tout ça et je me demande encore quelles libertés a eu Kurosawa dans cette « commande », avait-il les mains libres pour développer un scénario comme il l’entendait ou bien AKS et King’s Records ont-ils voulu se mêler de choses qu’ils ne maitrisent pas ?
Retour sur le synopsis : Vladivostok, Russie. Akiko est à la recherche de Matsunaga, un homme d’affaires qu’elle n’arrive pas à oublier depuis qu’ils ont passé une soirée ensemble. Le retrouvant enfin, Matsunaga, qui ne se souvient pas d’elle, lui dit de ne faire confiance à personne dans ce pays étranger et disparaît à nouveau. Réussissant à se faire embaucher dans un restaurant tenu par un expatrié japonais, Akiko passe son temps à scruter la rue jusqu’à ce qu’elle voit Matsunaga passer. S’ensuit une filature à travers la ville jusqu’à une usine désaffectée où Akiko l’aperçoit en train de faire des affaires avec la mafia locale…
Le pitch de départ est tellement stupide que ça a fait sourire tout le monde : Une fille a dîné un soir avec un homme à Roppongi, et, pour le remercier elle le poursuit jusqu’en Russie ? Sérieusement ? Et même si on comprends mieux le pourquoi à la fin du film le spectateur restera interloqué pendant 40 min sur les véritables raisons de cette histoire, sur les motivations de l’héroïne de « stalker » Matsunaga. Le scénario essaie de nous faire croire qu’Akiko est tombée amoureuse en un soir, mais Maeda Atsuko fait tellement blasée que ça ne convainc personne. Les 2 autres personnages secondaire ne sont guère mieux : entre le gérant du restaurant, loser de classe mondiale qui tente de faire fortune avec des idées bidons et la petite copine chinoise uniquement intéressée par le pouvoir et l’argent on arrive difficilement à s’attacher à eux.
Ce n’était certainement pas dans l’idée du réalisateur mais de nombreux passages sont comiques, tant ils sont risibles. La course poursuite contre la voiture bleue en est une. Saito, le gérant du restaurant, sait immédiatement où la voiture se rend en la voyant passer dans la rue, il laisse son restaurant ouvert tel quel, mais c’est pas grave, il connait déjà les raccourcis adéquats et je ne parle même pas de leur technique de filature à 5 mètres derrière sans se faire remarquer. On est donc dans un espèce de flou jusqu’à la scène de l’appartement de Matsunaga où le film prends enfin une autre dimension. J’ai personnellement appréciée la scène de baston (très chorégraphiée) même si la salle était partagée entre le rire et le « what the fuck ?! », moment gênant une fois de plus. Et je ne parle même pas de la scène finale à la dynamite qui a provoqué les mêmes réactions.
Au final Seventh Code est un bon clip musical (assurément le meilleur passage de ces 60 minutes), mais un mauvais film. C’est un bon signe quand on conçoit que le but principal était de promouvoir le single, la musique et on passera les défauts si on est un fan de Maeda Atsuko (car le titre musical est vraiment bon) mais cela ne peut pas suffire aux nombreux fans de Kurosawa qui ont dû sortir de la salle interloqués, voire gênés.