« Normalement la neige va s’arrêter cette nuit, espérons qu’ils aient le temps de tout déblayer pour qu’on puisse prendre notre avion demain sans problèmes… »
Je n’aurais jamais dû écrire ces lignes en guise de conclusion de l’article précédant des jours 13-14 ça m’a peut être porté la guigne… En tout cas cela m’a permis de vivre une journée dont je n’oublierai pas le déroulement de si tôt…

Pourtant tout commença bien à notre lever à 6h : un petit coup d’oeil par la fenêtre et oh magie il ne neigeait plus du tout ! Nous avions le droit à un beau ciel bleu pour notre dernier jour au Japon. Notre vol est prévu à 10h20 à Narita, nous sommes parfaitement dans les temps, ça devrait le faire…

Pour rejoindre Narita nous devons prendre 2 lignes de métro avant de s’installer dans le Narita Express en gare de Tôkyô. Aucun problème sur les métros, malgré le fait que ces lignes étaient impactées hier, les rames arrivent à la minute près indiquée sur mon iPhone. La ponctualité à la japonaise.
En arrivant en gare de Tokyo, nous croisons beaucoup de monde dans les différents couloirs, mais bon normal c’est la gare de Tokyo hein. En arrivant sur le quai du Narita Express nous croisons BEAUCOUP de monde… Là c’est moins normal. Je lève la tête et prends la peine de lire les messages écrits (bizarrement uniquement en japonais) et comprends à mon grand désarroi que la tempête de la veille a occasioné des dégâts plus grands que prévu sur la ligne du Narita Express et que bah… c’est mort pour rejoindre l’aéroport via ce moyen. Sauf que le message n’était pas clair du tout, aucune prévision sur l’avenir, quand est prévu le prochain train ? comment se rendre à l’aéroport ? et surtout quid de ceux qui ne comprenaient pas le japonais ? on sentait la situation d’urgence à laquelle les japonais sont très peu préparés. Les agents en gare étaient submergés de questions et tout le monde tournait en rond ne sachant que faire (eux même n’avaient pas de vraies réponses à nous donner).

Il fallait donc prendre une décision et vite. Le train c’était mort, on tente donc le taxi, en prenant soin avant de partir de me faire rembourser les tickets du Narita Express. Les 5000 et quelque yens sont les bienvenus car oui premier problème : c’est la fin du voyage, nous faisons face à une situation imprévue et nous n’avons PLUS d’argent…

A la sortie de la gare il y a déjà une longue file de taxi mais bon cela ne me fait pas peur car si nous étions à Roissy (là où il y a plus de taxis en attente que d’être vivants avec une valise) nous aurions eu une voiture en moins de 20 min… Sauf que même en étant juste devant la borne de taxis rien ne se passe, aucune voiture ne vient… POURQUOI ? on essaie de se renseigner dans le petit kôban (petit commissariat de quartier) mais ils ne savent pas trop non plus. Ils essaient d’appeler des contacts par ci, par là mais la situation ne se décante pas. Certains commencent déjà à quitter la file de taxi, mais quelle situation nous reste-t-il ? Appeler l’un de nos contacts japonais ? Il est tout juste 7h30, un dimanche matin… c’est un peu délicat. Finalement le salut viendra avec un peu de culot. Puisque les taxis ne veulent pas s’arrêter sur notre borne (on comprendra pourquoi plus tard) c’est nous qui irons à leur rencontre : on s’éloigne de quelques dizaines de mètres de la gare et BIM on interpelle à l’ancienne avec le bras levé le premier taxi qui passe devant nous.

Dès qu’il nous a vu il a senti le coup foireux, il nous demande quand même « Vous voulez aller où ? » -> « Narita »… Son sourire disparu et comme un japonais ne dit jamais non il a essayé de me décourager en m’expliquant que ça allait être compliqué et qu’on y serait pas pour notre vol de 10h20… Quoi ? Il est à peine 7h45 tu te fous de moi ? Après une concertation de quelques secondes on lui dit qu’on veux tout de même tenter le coup, même si on arrive en retard, de toute manière il n’y avait à cet instant pas de meilleure solution qui se présentait à nous. Il accepte… Mais je pense qu’aujourd’hui encore il le regrette.

Nous avions retrouvé notre sourire, le stress retombe, ouf c’est bon ça va le faire, on y croit… 10 min plus tard on arrive sur l’entrée de l’autoroute… celle-ci est fermée… QUOI ? Vous êtes sérieux les japonais ? La nuit ne vous a pas suffit à déblayer la route ? j’ai beau pester souvent contre certains services français mais sur ce coup-ci je pense que notre DDE aurait été plus efficace… L’autoroute n’a en fait jamais réouvert de la journée, malgré nos nombreuses tentatives d’accès.

autoroute

Ce qui signifie que TOUT le trafic (à 90% camions + taxis) qui se rendait en direction de Narita a été détourné sur les petites routes secondaires, qui ne sont pas vraiment prévues pour accueillir une telle masse… La situation parait mal engagée. Je regarde le compteur : il reste 59 km pour atteindre Narita, j’ai le temps, je m’assoupi un peu (1 heure en fait), je me réveille : il reste 59 km au compteur… Ok là on est dans la merde.

route

Le trafic était donc complètement à l’arrêt et on est resté plusieurs heures comme ça, bloqués. Les chauffeurs de taxi (sauf le notre) sortait même sur la route pour s’allumer une petite cigarette, certains se sont même amusés à faire un bonhomme de neige… On passe le temps comme on peut hein ^^

bonhomme neige

Notre principale inquiétude était « quid de l’avion ? » s’il décolle mais qu’on est pas là on doit se racheter des billets full-price, si par contre il est annulé ça devrait bien se passer… Au final il fut décalé 2 fois, avant d’être définitivement annulé. Ouf. Grâce à l’ingénieuse prise USB dans la voiture du taxi nous pouvions surfer tranquillement sur nos mobiles (contacter nos amis japonais, se renseigner sur le site de la compagnie aérienne, …) sans risque de batterie à plat.
Nous sommes demandés plusieurs fois si ça valait le coup de rester dans le taxi, certains amis nous conseillaient de nous faire déposer dans la gare la plus proche pour reprendre un train dès que celui-ci reprendra du service (mais aucune assurance qu’il reprenne)… Finalement nous sommes restés… longtemps… très longtemps dans ce taxi. 12h30 en fait. Oui, oui, nous sommes montés à 7h45 dedans et en sommes ressortis, devant le terminal 1 de Narita à 20h15

taxi

On ne peut pas lire sur la photo, mais rien qu’au nombre de chiffres on s’imagine que la note fut salée : 34 100 yens, ce qui donne un peu plus de 250€ de taxi. Cela dit si on fait le ratio sur les 12h30 passées dedans ce n’est pas trop à l’avantage du chauffeur et de sa société. Pour vous résumer la situation, nous sommes donc restés 12h30 enfermés dans ce taxi sans sortir une seule fois, ni pour aller aux toilettes, ni pour manger ou boire quoi que ce soit, ni même pour s’aérer un peu l’esprit et les jambes. Ce fut particulièrement éprouvant.

C’est bon tout est fini maintenant qu’on est arrivé à l’aéroport ? Que neni. Il y a beaucoup, beaucoup de monde dans le hall du terminal 1 de Narita et on comprends bien que c’est la même merde pour tout le monde. En fait AUCUN avion n’a pu décoller en ce dimanche 9 février 2014. Et pour cause les équipages des différents vols n’ont pas réussi eux aussi à regagner l’aéroport à temps.

aéroport
aéroport
aéroport

Après une longue queue au stand Alitalia nous n’obtenons que des déceptions :
– aucun vol n’est prévu ce soir, on ne peut pas non plus s’enregistrer pour le lendemain
– il faudra revenir faire la queue le matin à 9h pour espérer monter sur un vol
– il ne reste plus aucune chambres d’hôtel de disponible, il faudra donc dormir sur place, à l’aéroport, par terre.

L’hôtesse essaie de nous redonner le sourire en nous donnant des chèques restos de 2 x 2000 yens. C’est toujours mieux que rien et ça nous permettra de décompresser un peu autour d’un bon repas (nous avons rien mangé depuis près de 15h). Sauf que… Il est déjà 20h45 et que TOUS les restos de l’aéroport ferment à 21h… J’ai cru à une mauvaise blague mais non, ce fut bel et bien le cas et n’avons pu rentrer dans aucun d’entre eux… La malchance continue. La faim s’ajoutant à la fatigue nous commencions à être passablement à bout. Dernière solution : le Lawson, qui était encore ouvert mais où il y avait une queue de malade. Une fois à l’intérieur du conbini j’ai eu le syndrome « fin du monde » : j’ai pris de tout et de n’importe quoi comme si il fallait faire des provisions et qu’on ne savait pas de quoi notre futur serait fait. Sur la théorie j’avais pas tort, on ne savait pas encore si on pourrait prendre un avion le lendemain, mais sur la pratique je pense que j’en ai pris un peu trop.

repas
repas

Au final la moitié du stock fut jeté.

Il fallait maintenant trouver un endroit douillet où passer la nuit. Nous étions arrivés assez tard à l’aéroport et du coup le stock de matelas gonflable était déjà réduit à néant et nous n’avons pu dégoter seulement une couverture en faisant pitié à un japonais très sympa.

matelas

Tous les couloirs de l’aéroport se ressemblaient maintenant, et nous devenons tous clochards pour une nuit

dodo par terre
dodo par terre

dans un couloir un peu à l’écart je réussis à trouver un coin avec une prise électrique non-occupée Wouhou !! C’était donc parfait, sauf la bande jaune avec le relief qui fait mal au dos une fois allongé au sol ^^

notre chambre

Le lendemain matin les couloirs ressemblaient à un champ de bataille avec des matelas entassés et des détritus de nourriture et boissons

lendemain état

La nuit fut courte et il ne fallait pas louper notre rendez-vous de 9h au comptoir Alitalia

alitalia

Même en s’y présentant 1 heure en avance il y avait déjà du monde

queue alitalia

Mais cela ne nous a pas empêché de s’enregistrer sur le prochain vol prévu, celui de 13h40… Youhou, Victoire, Miracle, enfin le bout du tunnel ! (même si ce ne fut pas un vol direct mais avec une escale à Rome)

Le stress retombe enfin, et nous allons nous aérer un peu l’esprit sur le « balcon » de Narita où nous pouvons observer les différents avions

balcon avions
balcon avions
balcon avions
balcon avions

Il me reste encore des tickets repas à 2000 yens, je me fais donc plaisir pour la dernière fois sur le sol japonais (même constat que la veille, j’en ai trop pris et n’ai pas réussir à tout finir :p)

last meal

les vols se sont bien déroulés, c’était sans doute la première fois où sur un trajet retour nous étions aussi impatient de retourner en France. Outre les frais exorbitants de taxi et la nourriture du soir j’ai dû également poser une nouvelle journée de congés sans solde auprès de mon employeur, autant dire que ce petit prolongement de vacances au Pays du soleil levant nous a coûté bonbon ^^

La conclusion de tout ça c’est : Ok l’hiver c’est cool au Japon, on l’a fait, mais… PLUS JAMAIS 😀

Pour finir sur une note plus légère voici les traditionnelles photos de nos achats souvenirs :

– les « standards »

souvenirs

– et les « 48 »… ^^

souvenirs 48