Comme évoqué dans l’article présentant le festival Kinotayo la cérémonie d’ouverture s’est tenue hier soir dans un très beau cadre puisqu’il s’agissait de la première salle du Gaumont Opéra Premier en plein cœur de Paris. Nous avons tout d’abord eu le droit à une série de discours officiels mais intéressants de la part de Kiyoji KATAKAWA, président de l’association Kinotayo, de Jean-François Camilleri, président Walt Disney France et de Olivier Fallaix, ex-Animeland et actuellement chez Crunchyroll avant de terminer par un buffet Sushi de toute beauté. Autant dire que la soirée fut bien remplie.

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Mais la principale attraction de la soirée était bien entendu ce film, ou plutôt ce documentaire qu’est The Kingdom of Dreams and Madness. La réalisatrice Mami SUNADA est une habituée du festival Kinotayo puisque son premier documentaire retraçant les derniers jours de son père, malade du cancer, avait été couronné par le Soleil d’Or de la presse lors de l’édition 2012. Cette fois-ci elle nous livre une plongée fascinante au cœur du monde fantastique et fou des créateurs du Studio Ghibli. On est donc loin de l’ambiance « fin de vie » de son premier documentaire. Quoique. Le film se termine en effet sur la conférence de Presse où Miyazaki annonce sa retraite officielle. Et même si son discours annonçait qu’il dessinerait encore au moins 10 ans, certaines de ses déclarations à l’intérieur du reportage ne sont pas très optimistes sur la survie du Studio Ghibli post-Miyazaki… Et c’est effectivement un des éléments qui m’a marqué dans The Kingdom of Dreams and Madness : le manque de motivation de ces grands réalisateurs du Studio Ghibli. On ne voit pas directement Yonebayashi, le réalisateur du dernier Ghibli, Souvenirs de Marnie, mais entre Takahata qui « ne voulait pas finir » son Conte de la princesse Kaguya et Goro, le fils de Hayao, qui ne réalise pas des films par passion mais par « devoir » on n’en sort pas très positif sur le futur de cette institution de l’animation japonaise.

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La très grande majorité de ce documentaire se concentre sur Miyazaki, sa vie, ses réflexions tout au long de la réalisation de son dernier (ever) long métrage « Le Vent se lève« . C’est une période très intéressante car la création de ce film n’a pas été un long fleuve tranquille entre la réaction des médias sur la prise de position de Miyazaki sur la guerre, les retards de plannings ou bien même la difficulté à trouver le doubleur de Jiro. Ce passage est d’ailleurs l’un des plus marrants du film, car oui on rigole à de nombreuses reprises, tant le choix du doubleur du héros est vraiment étonnante. Miyazaki était en effet agaçé par tous les castings des seiyu qu’il avait reçu, et a finalement porté son choix sur un ami non-acteur, Hideaki Anno, à savoir Monsieur Neon Genesis Evangelion excusez du peu. La réaction des autres participants à la réunion lorsque Miyazaki et Suzuki tranchent sur Anno est tordante !

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D’ailleurs outre Miyazaki celui qu’on découvre vraiment dans ce documentaire n’est autre que l’homme à tout faire et ami de 35 ans de Hayao, j’ai nommé Toshio Suzuki, le producteur en chef du studio Ghibli. Si vous êtes fans du studio vous le connaissez sans doute déjà un peu mais à la fin de The Kingdom of Dreams and Madness vous en saurez beaucoup plus sur lui et ses multiples rôles. Une chose est sûre il est vraiment INDISPENSABLE au Studio et comme le dit si bien Miyazaki lui même « Si M. Suzuki n’avait pas été là, il n’y aurait pas eu de Studio Ghibli ». Sa relation entre lui, Miyazaki et Takahata est vraiment intéressante, il connait très bien ces 2 personnages et parvient à nous livrer des révélations étonnantes, comme la comédie que joue Miyazaki se faisant passer comme une personne en petite forme alors qu’il prends énormément soin de lui. L’affiche du film nous présentant ces 3 personnes ne s’y trompe pas et résume à elle seule l’histoire du documentaire et du studio Ghibli.

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Pour toutes ces raisons « The Kingdom of Dreams and Madness » est donc un MUST-SEE pour toutes les personnes fans du studio Ghibli ou non. On en apprends énormément sur l’industrie de l’animation japonaise ainsi que sur les réflexions philosophies sur le sens de la vie d’un homme du siècle passé (dixit Miyazaki lui même)